On longe les bâtiments « d’Empire Stores », anciens entrepôts
abandonnés transformés en bureaux, commerces et restaurants dont un
grand nombre des caractéristiques de conception d’origine ont été
conservés (notamment les murs en schistes).
Le Pier 6 comprend des aires de jeux pour les plus petits. C’est ici que
nous quittons le parc pour pénétrer dans le quartier résidentiel chic de
Brooklyn Heights avec ses superbes « brownstone houses »
historiques.
Ce fut la première banlieue résidentielle de Manhattan formée après
l’ouverture du Fulton ferry en 1814. La petite agglomération formée
autour de l’embarcadère grossit rapidement, l’expansion de la ville se
traduisit par la réduction des terres agricoles et le développement de
docks, d’entrepôts et d’industries : raffineries de sucre et
d’huile, brasseries, imprimeries, métallurgie et chantier naval
militaire.
Avec l’industrialisation de Brooklyn et l’afflux de population, les
riches habitants quittèrent ce quartier de Brooklyn Heigts vers la fin
du XIXè siècle et les maisons furent divisées en appartements désormais
restaurés et très onéreux.
La Brooklyn Heights promenade est une voie piétonne fleurie et
arborée construite en 1950 pour couvrir la voie rapide
Brooklyn-Queens Expressway qui passe juste en dessous. Longeant
l'East River elle surplombe en parallèle le Brooklyn bridge
park.
L’itinéraire nous ramène à hauteur du pont de Brooklyn. Quelques
années après l’achèvement de ce dernier, Brooklyn fut intégré à
l’agglomération de New-York (1898). L’industrialisation se poursuivit,
facilitée par l’ouverture d’autres ponts et des premières lignes de
métro et attirant de nombreux immigrants. La crise économique des
années 30 puis le déclin des activités portuaires après la guerre
plongèrent le quartier dans la misère et l’insécurité. Aujourd’hui
Brooklyn « renaît de ses cendres », à travers une
transformation spectaculaire. Après avoir souffert de la
désindustrialisation, le secteur attire désormais des entrepreneurs
dynamiques créant des produits de haute qualité labellisés « made
in Brooklyn ».
Après la traversée du retour, nous faisons escale, juste à côté du
pont, à « Seaport District NYC ». Il s’agit de l’ancien port
de la ville où arrivaient les bateaux transportant des marchandises du
XIXè au XXè siècle. Sur Fulton street, le « Shermerhorn
Row » constitue l’alignement des maisons le plus anciennes de la
ville, datant de 1810. Construites en briques, leurs rez-de-chaussée
sont aujourd’hui transformés en boutiques.
Un vaste projet de réhabilitation a été mis en œuvre autour du Pier 17
(ancien marché aux poissons reconverti en centre commercial) et une
agréable promenade longe désormais l’East River.
Afin de profiter au maximum de notre journée à vélo, nous décidons de
continuer sur la piste cyclable qui fait le tour de Manhattan en
descendant jusqu’à la pointe de l’île à Battery Park puis en remontant
le long de l’Hudson jusqu’à l’agence de location située vers la 38
ème
rue. On pédale pendant une bonne trentaines de minutes, en partie sous
la pluie.
Après avoir rendu nos 2 roues, nous récupérons la ligne 7 du métro
pour rejoindre Times Square et déguster un dîner bien mérité au fameux
Bubba Gump Shrimp. Longue liste d’attente pour avoir une table, on en
profite pour retourner faire un tour à la boutique M&M’s avant de
savourer notre plat de crevettes !
La météo pluvieuse de cette fin de journée a découragé les touristes
de monter au sommet de l’Empire State Building. Là où on nous avait
annoncé de longues heures de queues nous passons en quelques minutes,
c’est presque l’ascenseur qui nous attend et non l’inverse ! Par
chance non seulement il y a très peu de monde mais en plus la vue va
se révéler parfaitement dégagée.
Le gratte-ciel emblématique de New-York a été construit en à peine
plus d’un an, au rythme de 4 étages par semaines et inauguré en 1931
par le Président Hoover. C’était le début de la grande dépression, il
restera ainsi largement inoccupé jusqu’à la seconde guerre mondiale,
ce qui lui valut alors le surnom de « Empty (= vide) State
Building ». Mais il était déjà devenu un symbole de la ville dont
il restera longtemps le plus haut bâtiment. Mis en scène au cinéma à
travers de nombreux films, on se souvient qu’il a été escaladé par
King Kong dès 1933 !
Situé sur la 5
ème avenue, son architecture de style
art-déco a été pensée par une compagnie d’architectes qui a achevé les
plans en seulement 2 semaines ! Le chantier a été financé par J.
Raskob (General Motos) et pouvait mobiliser plus de 3000 ouvriers en
même temps, essentiellement des immigrés européens. Les « sky
boys » travaillaient à plusieurs centaines de mètres d’altitude
avec très peu de protections.
L’Empire State Building s’élève à 381m de haut (448m au bout de la
flèche) et comporte 102 étages. Aujourd’hui 15 000 New-Yorkais y
ont leur bureau et le bâtiment possède même son propre code
postal ! L’observatoire d’où l’on peut profiter de cette vue
incroyable se situe au 86è étage. Le sommet du bâtiment est éclairé
par des projecteurs de différentes couleurs, qui varient, notamment en
fonction d’événements nationaux ou internationaux.
Peu de mots pour décrire cette sensation d’embrasser la ville
illuminée. On cherche bien sûr à repérer d’autres sites emblématiques
comme la majestueuse tour Chrysler, le World Trade Center, les
différents ponts et même la statue de la Liberté au loin. Mais le plus
grisant est de laisser le regard divaguer entre les gratte-ciels,
remonter les avenues et s’arrêter sur quelques uns des milliers de
petits détails qui scintillent dans la nuit.
On repère bien notre hôtel avec sa salle de sport au sommet et le
MacDo en contre-bas !
Il est d’ailleurs temps de rentrer se reposer un peu, des étoiles
plein les yeux.
Vendredi 26 avril 2019 :
Petit déj à l’hôtel, Emma se régale au buffet + thé à emporter comme
les vrais New-Yorkais qui n’ont pas de temps à perdre !
On prend ce matin la direction du World Trade Center, nous avons du
mal à localiser le building le plus haut des Etats-Unis, ce qui est
quand même un comble ! La station de métro la + proche étant
fermée, nous devons faire une partie du trajet à pied et avons un peu
de mal à nous repérer. L'occasion de s'interroger sur le
fonctionnement de ces surprenantes places de parking superposées !
On finit par arriver sur ce site si particulier reconstruit en une
douzaine d’années sur les décombres des sept édifices détruits suite
aux attentats du 11 septembre 2001. Longtemps appelé « Ground
Zéro », la zone est toujours en chantier.
Le bâtiment principal est donc le One WTC de 1776 pieds en référence à
l’année de l’indépendance des USA (541m). Son empreinte au sol évoque
celle des tours jumelle et son architecture a été pensée de façon à ce
que chaque 11/09, entre 8h46 et 10h28 (heures du crash et
l’effondrement de la 1ère tour), la lumière du soleil ne
créé aucune ombre portée. Le gratte-ciel est ce matin partiellement
noyé dans la brume, ce qui renforce encore, pour moi, la lourdeur de
l’atmosphère.
Non loin à l’Est se dessine l’impressionnant « Oculus ».
Derrière cette gigantesque structure blanche pouvant s’apparenter à un
oiseau déployant ses ailes pour reprendre son envol, se trouve le
« Hub Transportation». Cette gare futuriste relie trains de
banlieue desservant le New-Jersey et plus d’une dizaine de lignes de
métro. Son hall, dont le sol est recouvert de marbre blanc, s’étend
sur plus de 100m et s’élève à 50m de hauteur.
Face à l’Oculus se trouve le mémorial du 11/09. J’avais eu la chance
d’admirer les deux majestueuses tours jumelles lors de mon premier
voyage aux Etats-Unis, il y a 20 ans. Construites dans les années 70
pour revitaliser le quartier, elles étaient la porte d’entrée de
Manhattan et le symbole de la puissance économique américaine. Il est
si difficile de les voir aujourd’hui réduites à deux gouffres au fond
duquel tant de vies ont été englouties.
Le jardin du souvenir, planté de chênes blancs, a été conçu par
l’architecte israélo-américain Michael Arad sur le thème de l’absence
et du souvenir. Construits à l’emplacement même des Twins, deux
immenses bassins sont entourés de parapets en bronze sur lequel sont
gravés les noms des victimes des attentats. Des chutes d’eau de 9m y
tombent en cascade aspirées par un puit central qui semble sans fond.
Le symbole est fort, l’ambiance poignante, pesante, les souvenirs
encore si vifs.
La visite du musée-mémorial construit dans les entrailles des tours,
très dure émotionnellement, n’est pas recommandée selon moi pour les
enfants (certains espaces leur sont d’ailleurs même interdits). Emma
n’était pas née en 2001, mais la violence du terrorisme est restée
tellement d’actualité que ces événements sont encore loin de renvoyer
à une période ancienne et révolue. Je reviendrai donc seule un peu
plus tard sur ce site.
Nous quittons le quartier du « Financial District » pour
rejoindre, non loin de là, celui de Chinatown, situé dans le Lower
East Side. Les premières communautés chinoises ont commencé à
s’installer dans ce secteur vers 1850 (époque de la « ruée vers
l’or » marquée par une forte immigration destinée à aider à la
construction des chemins de fer transcontinentaux) mais ce n’est
qu’après 1965 que cette population a explosé suite à un
assouplissement des lois sur l’immigration.
Alors organisé sous formes d’associations (groupes d’influence
constitués autour de propriétaires terriens, d’alliances politiques et
parfois de syndicats du crime), Chinatown a longtemps abrité
différents gangs et le quartier malfamé de Colombus Park était
considéré comme le plus dangereux de New-York. C’est désormais un
agréable parc où les habitants s’adonnent à des activités typiques
comme le taï-chi ou divers jeux asiatiques.
Le nombre de personnes d’origine chinoise est difficilement
quantifiable aujourd’hui, notamment en raison d’un grand nombre de
clandestins, il se situerait autour de 250 000 habitants. Une
grande partie du quartier vit de l’économie parallèle. Le mieux est de
flâner à travers ces artères pour s’immerger en orient, d’épiceries en
restaurants, tout est indiqué en mandarin, certains résidents ne
parlant d’ailleurs pas anglais. Se laisser embarquer par les odeurs,
les sons, les couleurs, les enseignes et idéogrammes en déambulant sur
Mott Street, Canal Street, Doyers street, Pell street et autres rues
alentours.
A ne pas louper : le temple bouddhiste Mahayana, au numéro 133 de
Canal Street, non loin du Manhattan Bridge. Avec ses odeurs d’encens
et son grand bouddha doré, ce lieu de culte finit de transporter bien
loin de l’Amérique !
Cette enclave asiatique ne cesse de s’étendre et a quasiment absorbé
le quartier voisin de « Little Italy » désormais concentrée
sur quelques blocs le long de Mulberry Street. Bien loin l’époque où
la mafia italienne régnait sur le quartier.
« Le dragon s’est taillé une belle part de pizza » et les
enseignes chinoises remplacent désormais grand nombre de celles aux
couleurs de l’Italie. L’immigration italienne s’est quant à elle
progressivement déplacée vers le Bronx, Brooklyn et le Queens.
Sur Centre street, le « police building » gardé par deux
statuts de lions, a été le siège de la police de NY pendant 65 ans.
Nous finissons de traverser Little Italy sous la pluie jusqu’à la
station de métro de Canal Street. Après ce début de séjour mené
tambour battant, je propose à Emma de profiter du mauvais temps pour
faire une petite pause et recharger ses batteries à l’hôtel. Après son
Happy Meal, je la laisse donc faire une grosse sieste et retourne au
WTC visiter le mémorial du 11/09.
Entrée incluse dans le « NY Explorer Pass », elle ne
comprend cependant pas de coupe-file et l’attente est assez longue. Un
pavillon de verre et d’acier marque l’entrée du site avant de
descendre dans un impressionnant espace sous-terrain conduisant aux
fondations des Twins, donc sous les deux actuels bassins. Dans le
« Foundation Hall » se trouve une des poutres du WTC
recouverte d’inscriptions gravées par les secouristes et ouvriers qui
ont déblayé les décombres de Ground Zero.
Sous chacune des deux tours se trouve une salle d’exposition, la
1ère « Memorial Exhibition » rend hommage aux
victimes en affichant sur ses murs leurs photos et en permettant grâce
à des écrans interactifs de découvrir leur histoire, pour ne jamais
oublier.
La seconde salle « Historical Exhibition » retrace le
déroulé des événements à l’appui de vidéos, d’enregistrements audios
et d’extraits de presse. L’horreur se matérialise à travers
l’exposition d’effets personnels des victimes présentes dans les
bureaux et dans les avions.
Le parcours est organisé de façon chronologique revenant sur le crash
des deux avions à NY mais aussi sur ceux qui se sont écrasés sur le
Pentagone et en Pennsylvanie.
L’organisation des opérations de secours y est décrite mettant en
avant les actes héroïques des sauveteurs, professionnels ou non,
parfois au péril de leur propre vie.
« L’Escalier des Survivants » fut la seule structure située
au-dessus de Ground Zero à ne pas s'effondrer lors des attentats.
Desservant Vesey Street ils permirent à des dizaines de personnes
d'évacuer le 5 WTC, un bâtiment de neuf étages situés à proximité des
tours jumelles.
Impossible de ne pas ressortir bouleversé de ce lieu de mémoire, qui
deviendra certainement pour les générations futures un
« musée », mais qui pour l’instant nous renvoie à un passé
trop proche pour faire partie de l’histoire.
Retour à l’hôtel. Emma est requinquée et toute fière d’être restée
seule quelques heures dans un pays étranger ! De nouveau prête à
suivre sa mère mais je l’embarque dans une expédition peu concluante
ce soir…
J’aurais aimé assister à un match des Yankees, la célèbre équipe de
baseball du Bronx mais ils ne jouent pas à domicile cette semaine.
J’ai donc acheté des places sur internet pour aller voir l’autre
équipe de NYC, celle des Mets dont le stade se situe dans le
Queens.
Nous n’y connaissons pas grand-chose, voire rien du tout, mais l’idée
est surtout de se plonger dans l’ambiance d’un des sports nationaux.
Manque de chance, si nous avons l’habitude de voir des matchs de
football se jouer sous la pluie, le baseball ne se pratique
apparemment qu’au sec ! Le début de la partie est donc reporté en
attendant le passage d’une averse qui finit par arriver mais surtout
qui s’éternise…
Le terrain est recouvert d’une bâche et l’attente se prolonge
indéfiniment. Une grande partie du public quitte le stade et nous
faisons de même, un peu déçues, mais en ayant toutefois profité de
l’ambiance d’avant-match. Ce dernier se jouera finalement très
tardivement autour de 23h, ce qui nous aurait fait rentrer à une heure
peu raisonnable vu la suite du programme de notre séjour.
Ayant fait quelques courses la veille, on dîne autour d’un plat de
pâtes dans notre jolie petite cuisine en nous délectant surtout de
cette inlassable vue nocturne.
Samedi 27 avril 2019 :
Une grande journée vivement attendue par Emma puisqu’elle débutera par
la visite de la statue de la Liberté et finira dans un parc
d’attraction, le paradis en somme !
Echaudée par des témoignages sur internet relatant d’interminables
queues pour l’obtention des billets d’accès au ferry menant jusqu’à la
statue, j’avais réservé les tickets par « Get your Guide »
et j’en fus très satisfaite (même si, au final, il n’y avait pas tant
de monde que ça ce jour-là). Après avoir rapidement échangé nos
vouchers et passé les contrôles de sécurité, nous sommes prêtes à
embarquer vers Liberty Island.
Un des symboles de l’Amérique, voire le plus grand : « La
liberté éclairant le monde » fut pendant longtemps la première
vision des Etats-Unis pour des millions d’immigrants qui venaient de
traverser l’Atlantique. Construite sur notre territoire et offerte par
la France à l’occasion du centenaire de la déclaration d’indépendance
américaine, ce monument cristallise aussi les liens qui unissent nos
deux Nations.
La suite de l’histoire, c’est Emma qui vous la raconte :
« Une fois arrivé sur l’île, nous sommes allées chercher les
audios guides. Au premier point il y avait une très belle vue sur
Ellis Island et tout New-York.
On nous a expliqué qu’avant la construction de la statue de
la liberté, l’île s’appelait « Oyster Island » (qui
veux dire l’île aux huîtres.) On l’appelait comme ça car il y
avait ici plein d’huîtres que venaient pêcher les amérindiens
qui vivaient à Manhattan. Puis nous avons fait tout le tour du
piédestal : vu du ciel, il est en forme d’étoile.
Ensuite, ma maman et moi sommes allées dans le musée. Vous saviez
que la statue de la liberté a été faite par Auguste Bartholdi (un
Français) qui a sculpté la statue en cuivre et Gustave Eiffel qui
a fait la charpente en acier (à l’intérieur) ?
Elle fait 46m de hauteur, plus le piédestal qui mesure 93m et sa
main 5m de longueur. Sur le livre de la statue est écrit en
chiffre romain : « 4 juillet 1776 ». C’est la date
de l’indépendance. Sur ce livre nous pouvons garer 2
voitures !
A ses pieds se trouvent des chaînes cassées qui représentent le
rejet de l’esclavagisme. La statue de la liberté a été inaugurée
en 1886. Ensuite, nous sommes montées dans l’ascenseur, quand on
est arrivée tout en haut nous avons regardé la vue. Puis nous
avons aperçu la charpente en acier qui se trouve à l’intérieur de
la statue...
C'est incroyable d'avoir vu la Statue de la Liberté de ses
propres yeux. J'étais époustouflée !"
Nous reprenons le ferry, direction Ellis Island, la porte d’entrée
pour le rêve américain, passage obligé pour plus de 12 millions de
candidats à l’immigration de 1892 à 1954. L’îlot, qui servait
auparavant de dépôt de munition, tient son nom de Samuel Ellis, colon
écossais qui en fut le propriétaire dans les années 1970, avant son
rachat par l’Etat de New-York. Sa superficie a été agrandie
artificiellement en forme de « U » afin que les bateaux
puissent venir s’y amarrer. Le choix d’y implanter le centre fédéral
d’immigration avait pour but d’isoler les nouveaux arrivants qui
débarquaient jusqu’alors directement au Sud de Manhattan, à Battery
Park, ce qui mécontentait les habitants du quartier. Face au flux
croissant de migrants les anciens locaux étaient par ailleurs devenus
trop exigus.
Après plusieurs semaines de traversée, les immigrants, principalement
européens, étaient soumis à une série de contrôles avant d’obtenir
l’autorisation de rejoindre définitivement « le Nouveau
Monde ». Si les passagers de 1
ère et 2
ème
classe étaient rapidement examiné directement sur le bateau par
médecins et employés de l’administration fédérale, ceux de 3
ème
classe, majoritaires, devaient descendre à Ellis Island pour se
soumettre à des inspections plus approfondies.
Les anciens bâtiments du centre d’immigration, de briques rouges et
pierres blanches style renaissance française, ont été reconvertis en
musée qui permet de mieux comprendre le parcours vécu par au moins un
des parents de presque 40% de la population américaine. La visite
débute par la salle des bagages où, à leur descente des bateaux, les
passagers déposaient malles et valises.
La salle d’enregistrement est un immense hall vouté où l’on s’assoit
toujours sur les bancs d’époque. Les vérifications légales et
administratives y étaient effectuées.
A leur arrivée, les immigrants présentant des signes de défaillance
physique ou mentale se voyaient marqués d’une lettre à la craie sur
leurs vêtements afin de subir un contrôle plus poussé, par
exemple : E = eyes (yeux), B = back (dos), H = heart (cœur), S =
senility (personnes très âgées), X = problème mental, etc... A l’issue
des examens médicaux les personnes porteuses de certaines maladies
pouvaient être mises en quarantaine, hospitalisées sur place, voire
dans certains cas extrêmes, renvoyés dans leur pays. On peut lire ou
écouter des témoignages poignants, notamment de familles séparées
suite à un verdict médical défavorable pour l’un de leurs membres.
L’étape suivante consistait en des tests d’alphabétisation et de
compréhension de l’anglais au cours desquels les immigrants devaient
répondre à un certain nombre de questions.
Ils devaient également justifier qu’il disposait d’un minimum d’argent
pour subsister dans le pays. Une salle d’audience statuait sur les cas
litigieux.
Dans la majorité des cas, ce parcours ne durait que 4 ou 5 heures et
conduisait les nouveaux arrivants au bureau de change et au guichet
des transports (ferry pour Manhattan et New Jersey, train pour le
reste du pays).
Si 2% des arrivants étaient rejetés définitivement pour des raisons
administratives, judiciaires ou médicales, ceux admis pouvaient
descendre les marches de « l’escalier de la séparation » qui
les conduisait vers leur nouvelle vie.
Avec le durcissement des lois sur l’immigration, l’activité du centre
ralentit à partir des années 1920 (instauration de quotas), pendant la
seconde guerre mondiale Ellis Island servit de camp pour les
prisonniers de guerre (allemands, italien et japonais). Le bâtiment
fermera définitivement en 1954.
Après cette visite chargée en informations et en émotions, place à la
détente pour Emma. Nous reprenons le ferry jusqu'à Battery Park...
...puis le métro jusqu’à Coney Island. L’idée m’est venue grâce au
« NY Explorer Pass » qui propose dans sa liste
d’attractions, un accès illimité à 24 manèges du Luna Park. Autant
dire que c’est super maxi ultra rentable !!! Emma va pouvoir s’en
donner à cœur joie, je finirai même par craindre qu’une overdose de
sensations fortes lui retourne l’estomac !!!
Coney Island a un air de petite station balnéaire un peu désuète qui
lui donne un charme fou. Contrairement à Manhattan l’hyper active, le
temps semble s’être arrêté dans ce petit bout de New-York situé à
l’extrême Sud de Brooklyn.
La péninsule a connu ses heures de gloire au début du XXè siècles
entre la plage et la fête foraine, le site était très prisé mais à la
fin de la seconde guerre mondiale les manèges ont fermé, parallèlement
au développement d’autres loisirs dans le pays. Une campagne de
revitalisation du quartier a été menée et le nouveau Luna Park a
réouvert ses portes en 2010, conservant certaines vieilles attractions
mythiques comme The Wonder Wheel (grande roue de 1920) ou The Cyclone
(montagnes russes de 1927).
On y reconnaît des décors aperçus dans de nombreux films américains…
Certainement davantage prisée en été, la promenade en bois qui longe
la plage est paisible, bordée par de nombreux marchands de glace et
hot-dogs.
La plage s’étend à perte de vue sur plusieurs kilomètres et sur les
avancées qui surplombent l’océan on peut observer les prises des
pêcheurs.
On reprend la ligne aérienne en direction de notre hôtel pour environ
¾ d’heure de trajet après cette journée encore une fois bien
remplie !
Dimanche 28 avril 2019 :
C’est le jour du Seigneur ! Passer un dimanche à New-York est
bien sûr l’occasion de goûter à la ferveur d’une célébration
religieuse dans la communauté catholique afro-américaine de Harlem.
Avant d’assister à l’office, nous traversons le cœur du plus grand
quartier de Manhattan fondé au XVIIè siècle par les Hollandais et
appelé alors « Haarlem » du nom d’une petite ville près
d’Amsterdam. Jusqu’au début du XIXè siècle, il s’agissait d’une zone
rurale où plusieurs importantes familles possédaient de grands
domaines agricoles. Ces derniers furent ensuite abandonnés et le
quartier en déclin vit l’arrivée d’Irlandais pauvres.
Le rattachement d’Harlem à NYC et la construction du métro aérien en
1880 furent suivis d’une urbanisation rapide. Les promoteurs désireux
d’y attirer la bourgeoisie new-yorkaise firent notamment construire de
belles demeures, les fameuses « brownstone ». De nombreux
nouveaux logements du quartier ne trouvèrent cependant pas preneurs
entraînant une chute des prix de l’immobilier et l’installation de
migrants européens (principalement des juifs d’Europe de l’Est)
correspondant à un début de paupérisation du quartier.
L’arrivée de la communauté noire au début du XXème siècle a été
favorisée par la baisse du coût des loyers et la dégradation de leurs
conditions de vie dans le reste de la ville où elle était victime du
racisme. En leur permettant un accès au logement à moindre coût, le
promoteur Payton accéléra l’installation de familles noires à Harlem
ce qui suscita parallèlement le départ de la bourgeoisie blanche.
Le quartier connu son apogée dans les années 20 avec l’arrivée
d’artistes et intellectuels afro-américains qui vont conduire à
l’émergence d’un mouvement de renouveau : « La Renaissance
de Harlem ». De la littérature à la musique en passant par la
photographie ou la peinture, on assiste alors à une profusion de
créations artistiques. Duke Ellington ou Louis Armstrong font partie
des grands noms de l’époque, Harlem est alors le berceau du jazz et
ses hauts-lieux comme le Cotton club ou l’Apollo Theater attirent leur
public dans des « nuits folles ».
Pendant les années 20 de Prohibition, Harlem abritait des
établissements de vente et consommation d’alcool
(« Speakeasies ») et hébergeait des contrebandiers
(« Bootleggers »). De nombreux bars et clubs réservés aux
Blancs étaient contrôlés par la mafia juive et italienne, alors que
les gangs afro-américains se concentraient sur le jeu clandestin.
La situation du quartier commença à se dégrader suite à la crise
économique de 1929. Dès les années 30-40 Harlem est en proie à de
graves difficultés économiques, sociales et sanitaires (chômage, crise
du logement,…). C’est aussi à l’époque de la Grande Dépression
qu’apparurent les premières émeutes et le développement du
militantisme noir s’opposant à la ségrégation raciale.
Au lendemain de la 2
nde guerre mondiale, Harlem devient un
ghetto où règnent la violence, le trafic de drogue, la pauvreté,
l’insalubrité,…etc. Dans les années 60, ceux qui le peuvent, fuient le
quartier délabré et ses problèmes d’insécurité dans une misère sociale
croissante. Les familles qui restent sont les plus pauvres et les
moins instruites.
Il faudra attendre la fin du XXème siècle pour que s’amorce un
véritable changement à travers la « gentrification »
(« embourgeoisement ») de Harlem grâce à de grands travaux
de réhabilitation du quartier attirant des investisseurs,
l’implantation de grandes enseignes commerciales et générant la
création d’emplois. A cela s’ajouta la lutte contre la criminalité ou
encore la rénovation des « brownstones » comme celles-ci. Ce
fut ainsi la seconde Renaissance de Harlem.
Après cette visite du centre de Harlem, le choix de l’église pour en
découvrir son âme ne fut pas une mince affaire. Entre celles trop
connues dans lesquelles il y a davantage de touristes que de locaux et
celles, plus discrètes, où il n’y a pas assez de place pour nous
accueillir, nous avons finalement eu la chance de pouvoir assister à
l’office de « Covent Avenue Baptist Church ».
Nous sommes entourées par d’adorables membres de la communauté locale
qui nous incitent à participer avec eux à la célébration, partageant
textes et chants que l’on tente vainement de suivre !
On se laisse plutôt porter par l’ambiance très rythmée de la chorale.
Les rangées s’animent et dansent, avant le sermon long de plusieurs
heures. Nous ne comprenons pas exactement sa teneur mais ressentons
l’incroyable ferveur qui fait vibrer les fidèles. C’est un moment
d’une rare intensité qui restera gravé dans notre mémoire.
Après ces émotions, nous reprenons le métro en direction de Central
Park, non loin d’ici. On profite à nouveau de notre Pass pour louer
des vélos, toujours chez Unlimited Biking, au Nord du parc. C’est la
meilleure option pour le parcourir s’il on ne dispose que de quelques
heures, tant les distances y sont grandes : 4km de long sur 800m
de large.
Il a fallu 20 000 ouvriers et 16 années de travail débutées en
1857 pour transformer cet ancien terrain vague en parc de 340ha.
Faisant l’angle de central Park North et de la 5th avenue, « le
lac Harlem Meer » est notre 1
er point de passage. Il
héberge 50 000 poissons que l’on peut pêcher à condition de leur
rendre ensuite leur liberté.
Non loin, on découvre le « Conservatory Garden », jardin de
style anglais d’un côté et français de l’autre avec une fontaine au
milieu.
On en profite pour faire une petite partie de « Géocaching »
en déposant un « travel bug » trouvé dans notre cache de la
Grande Motte.
Pause hot-dog puis nus longeons le « Réservoir ». La boucle
de 2.5km qui entoure la réserve d’eau est un haut-lieu du footing
rendu célèbre par Dustin Hoffman dans « Marathon Man ».
Le « Belvedere Castle » est une sorte de mini-château
écossais. Il borde le lac des tortues.
Traversée du pont le plus long du parc et le plus romantique :
« Bow Bridge » dont la structure est en fer forgé et les
décorations de style antique grecque.
Le pont enjambe The Lake où se reflètent les silhouettes des buildings
de Midtown et de l’Upper West Side.
Nous quittons le parc par une sortie au Sud et partons à la recherche
de l’agence de location pour rendre nos vélos. Contrairement aux
autres situées à l’écart de l’agitation de la ville, celle-ci est
visiblement dans une zone très fréquentée et on se retrouve à pédaler
entre les bus et les taxis de la 5
ème avenue !
Personne n’est en mesure de nous guider correctement jusqu’à ce qu’un
gentil monsieur nous accompagne avec son GPS, jusqu’à l’agence bien
cachée au pied d’un gratte-ciel de la 56
e rue !
J’ai sélectionné « Greenwich village » pour finir la
journée. Cette ancienne zone marécageuse a été défrichée par les
colons hollandais au XXVIIème siècle qui en ont fait une zone de
pâturage avant d’être chassés par les Anglais. Ces derniers occupèrent
le hameau qui s’est alors développé indépendamment de Manhattan. C’est
ce qui explique que les rues du quartier ne suivent pas le tracé
rectiligne du reste de New-York et que son architecture est plus basse
avec des maisons à l’anglaise plutôt que des buildings.
Sa situation à l’écart de la ville a attiré nombre de New-Yorkais
venus s’y réfugier lors de l’épidémie de fièvre jaune de 1822,
notamment d’éminents artistes faisant du secteur un lieu animé et
cultivé. Le quartier restera ainsi un bastion de l’expression
artistique et du mode de vie bohème. Grennwich village a ainsi
toujours été une enclave avant-gardiste, berceau de nombreux courants
anti-conformistes comme les hippies ou le mouvement de libération
gay.
Nous avons peu de temps pour découvrir le quartier où il doit faire
bon flâner, on se dirige donc vers quelques-uns de ses principaux
points d’intérêt :
« De Forest House », maison d’un entrepreneur passionné
d’art oriental indien dont la façade est entièrement sculpté dans du
teck.
« Patching Place » : impasse bordée de maison du
XIXème siècle où l’on peut voir le dernier réverbère à gaz de NY
(désormais équipé d’une ampoule !).
« The First Presbyterian Church » et « The Church
of Anscension » toutes deux de style néogothique en grès rouge.
« Washington Square Arch » : sur la 5ème
avenue, arc de triomphe de style Beaux-Arts en marbre blanc,
inspiré de ceux de Rome et Paris, érigé en 1892 (centenaire de
l’accession à la présidence de G. Washington)
« Washington square » : siège de la prestigieuse
université NYU et son parc auparavant lieu d’exécution capitale puis
de fosse commune.
Nous dînons chez « Bareburger », une chaîne de burgers
gourmets et finissons notre balade dans la nuit jusqu’au métro en
passant par :
Le n°75 ½ de Bedford Street : la maison la plus étroite de
New-York bâtie à l’emplacement d’un ancien passage de 2.90m de
large !
A l’angle de Grove Street et Bedford Street, en tant que fan de la
série, passage obligatoire devant l’immeuble de « Friends »
au-dessus d’un resto qui aurait dû plutôt s’appeler « Central
Perk » !
Une fois rentrées à l’hôtel, on profite une dernière fois de
l’incroyable vue nocturne depuis la terrasse du sommet…
Déjà le dernier jour de notre escapade New-Yorkaise. Nous avions
réservé en début de séjour la visite très prisée de Top of the Rock,
également incluse dans le NY Pass. Par chance, la météo du jour est
très favorable et elle nous dévoilera une superbe visibilité au sommet
du GE Building. C’est l’observatoire du Rockfeller Center culminant à
259m au cœur de Midtown. On y accède par un ascenseur au plafond vitré
qui permet une montée assez spectaculaire jusqu’aux trois terrasses
situées aux 67
e, 69
e et 70
e
étages.
La vue qui embrasse ici tout Manhattan laisse admirer l’Empire State
Building où nous étions jeudi soir.
Le panorama sur Central Park est incroyable, il permet de saisir
l’ampleur du poumon vert de la ville.
Le Rockfeller Center abrite aussi les mythiques studios de la NBC.
C’est ici que sont tournées de célèbres émissions américaines comme
« Saturday night live » ou « The today show ».
A quelques pas de là sur la 5ème avenue, la cathédrale St Patrick se
dresse majestueusement entre les tours de verre. Construire entre 1858
et 1878 en style néo-gotique, elle est la plus grande des Etats-Unis,
ses deux flèches s'élevant à 100 mètres au-dessus de sa façade de
marbre blanc.
Retour dans le quartier de notre hôtel : Chelsea, que nous allons
traverser à pied pour rejoindre la « High line ». Chelsea et
ses façades en briques rouges était auparavant un important centre de
négoce du commerce de détail. Les anciens entrepôts ont été
reconvertis en galeries d’art et restaurants branchés. Le quartier
s’étend de la 14
e à la 29
e rue entre la 5th
avenue et la rivière Hudson. On traverse un secteur résidentiel assez
calme qui nous conduit donc jusqu’à la High Line.
Ce parc suspendu de 2,3km de long suit le tracé de l’ancienne voie
ferrée construite en 1930 pour desservir directement les entrepôts du
secteur en marchandises. « Meatpacking district » (quartier
des abattoirs au sud de Chelsea) était en effet complètement saturé au
début XXème siècle rendant nécessaire la construction de cette ligne
de fret à 10 mètres du sol.
Mais à partir des années 60, le transport ferroviaire commença à
décliner au profit de l’approvisionnement par camions. Le dernier
train circula en 1980 puis la voie ferrée fut laissée à l’abandon et
envahie par la végétation. Vouée à la destruction elle a finalement
été sauvegardée grâce à une association de riverains (inspirée par la
coulée verte parisienne) qui fut entendue par le Maire de l’époque,
Mickaël Bloomberg. La réhabilitation de la ligne transformée en parc
urbain a ainsi été réalisée en 3 tronçons inaugurés de 2009 à 2014.
Cette balade suspendue permet de sillonner le secteur entre les
buildings dans une ambiance bucolique, au-dessus de l’agitation de la
ville.
Le choix des plantes s’est appuyé sur les espèces végétales
naturellement présente alors que la voie était désaffectée, la
majorité d’entre elles est originaire d’Amérique du Nord.
Les éléments datant de 1930 ont été conservés, notamment les anciens
rails… Artistes et militants s’expriment au grès de certaines façades…
Mais c’est surtout une incroyable balade architecturale dès qu’on lève
les yeux…
La High Line se termine au Nord dans le nouveau quartier de d’Hudson
Yards qui est en train d’émerger au-dessus des voies ferrées de Penn
Station. Sa principale attraction est The Vessel (traduction :
« Le Navire ») tout juste inauguré le mois dernier, le 15
mars 2019 ! Véritable œuvre d’art ayant vocation à servir
d’observatoire, elle est constituée d’un enchevêtrement de 154
escaliers et de 2500 marches qui s’élève à un peu plus de 45 mètres de
haut.
Nous revenons sur nos pas et pendant qu’Emma se pose aux côtés
d’autres badauds sur une des estrades en bois qui jalonnent le
parcours, je continue jusqu’aux marches du théâtre urbain qui,
derrière ses baies vitrées, surplombe la 10
ème
avenue.
Sur le chemin du retour vers l’hôtel, nous profitons des scènes de
« street art » qui décorent les murs du quartier.
Pour finir dans une ambiance tout aussi le colorée au milieu du marché
aux fleurs qui anime notre 28
ème rue (surnommée
« Flower district »).
L’heure est donc venue de récupérer nos valises pour rejoindre la
gare. Pennsylvania station est relativement proche à pied et ce petit
trajet est l’occasion de s’imprégner encore un instant de
l’effervescence de la ville avant de prendre le NJ transit train en
direction du new-Jersey.
Après une petite demi-heure de transport, un « Air Train »
automatique relie en 5min Newark airport station aux terminaux de
l’aéroport. Mon petit lapin Duracel n'a plus de batterie, le moment
est venu de rentrer en France !